En Nouvelle Calédonie

Fait-il bon vivre en Nouvelle –Calédonie ? Oui, c’est certain, au regard de ce qui se passe ailleurs. Entre les situations de crise économique et sociale dans l’hémisphère Nord, les conflits au Moyen Orient, le terrorisme qui gagne tous les pays du monde, la galère des pays de l’Est, les troubles récurrents en Afrique, et une paix relative dans un contexte de vie plutôt agréable, je choisis la deuxième solution. Pourtant je cherche encore un autre endroit où poser mes valises.

La Nouvelle Calédonie dispose d’un capital séduction des plus forts au monde, un très bon niveau économique, une population multiraciale, un climat agréable, une nature exceptionnelle sans prédateurs hormis dans l’océan. Tout devrait bien marcher, et pourtant, notre petit monde local est gangréné par le mal du siècle : le paraître. C’est à qui détiendra le pouvoir, ou à qui exhibera la plus belle maison, la plus belle voiture, le plus beau bateau, la plus belle femme…

Deux grands types de mentalité s’y opposent : l’état d’esprit européen qui a été apporté par des générations de colons (l’individualisme) et qui est maintenant alimenté par l’immigration de gens de l’hémisphère Nord, tous pays confondus,  et la façon de vivre des gens du pacifique (le communautarisme), des mélanésiens, polynésiens, micronésiens, et autres peuples du Pacifique qui sont présents aussi dans la société calédonienne.

La politique et la religion sont très présents, à côté d’une société qui vit à travers le plaisir de tous les excès. La Nouvelle Calédonie n’est pas une destination privilégiée de tourisme sexuel, parce que son niveau de développement et la mentalité des ses résidents ne l’autoriseraient pas. C ’est le paradis des homosexuels, il règne ici une grande tolérance. Mais c’est aussi le pays du vice : l’inceste et la pédophilie y sont  omniprésents, 40% des enfants des populations locales, mélanésiens et polynésiens ont été abusés dans leur petite enfance. Dans les tribus, le viol de femme en réunion c’est la banale histoire d’un vendredi ou samedi soir bien arrosé. Les bagarres violentes dans les familles à cause de la jalousie sont fréquentes. Si l’on ajoute à cela l’accès maintenant relativement facile à la pornographie à la télévision, nul doute que le sexe est ici pour certains, une drogue.

Les sociétés basiques qui composent le sédiment social de la Nouvelle Calédonie sont de plus en plus corrompues par l’alcool, et le cannabis. Elles sont de plus en plus violentes. Les autorités coutumières ont du mal à faire face à ce délabrement social, car les jeunes fuient leurs lieux de vie pour aller rejoindre la ville où tout leur est permis. Ils reviennent quand tout va trop mal, mais au lieu de témoigner de leur déchéance, ils racontent leurs exploits nocturnes et embrigadent les plus jeunes qui cèderont à leur tour à la facilité.

Les jeunes des immigrants et des européens ne sont pas plus tranquilles, mais ils bénéficient souvent d’un environnement social et familial plus averti. Ils ont souvent connu le monde extérieur qui est socialement plus coriace, et donc ils savent mieux se protéger. Il est rare de les voir en bande dans les rues, et souvent ils aspirent à l’indépendance économique.

Ces situations conduisent rapidement à porter un jugement coupable sur les populations issues de l’immigration, qui ont apporté la source de tous les problèmes à de sociétés qui en étaient soi disant dépourvues. Pour les ignorants qui prétendraient cela, je les inviterai à lire la littérature calédonienne, notamment les récits des légendes canaques de Georges Baudoux, ou les textes de  Mariotti, qui relatent des faits vécus qui ont été ensuite insérés dans la mythologie canaque.

La violence est omniprésente dans l’histoire canaque, idem pour les Wallisiens et Futuniens, et ne parlons pas des ancêtres du Vanautu et de Papouasie. Les plantes hallucinogènes et les drogues étaient déjà connues et utilisées pour soumettre les ennemis, seul l’alcool tel que nous le connaissons a été introduit, et il a fait des ravages. Et nous en subissons les effets maintenant plus que jamais. Cela ne dédouane pas les responsables de la colonisation, ni les effets pervers de cette colonisation, tout le monde en convient. Mais il faut arrêter de prétendre que la Nouvelle Calédonie a été corrompue par les Européens, il faut arrêter de croire qu’il existe une population gentille accueillante et une autre tortionnaire et égoïste : cela est réducteur.

Il y a en Nouvelle Calédonie une mosaïque de populations qui vivent les unes à côté des autres et nous sommes tous interpénétrés par les habitudes de vie et les mentalités des autres. Il y a des gens qui s’en sortent mieux que d’autres. Il y des gens qui veulent rester en dehors d’un système qui leur fait perdre leurs valeurs. Il ya des gens qui se battent, d’autres qui baissent les bras, Il y a des gens qui exploitent la crédulité des autres, il y a des parasites qui vivent de l’injustice sociale, Il y a des gens qui sont perdus et n’arrivent pas à trouver leurs marques, Il y a des riches, des populations moyennes et des pauvres dans toutes les ethnies,   il y a des gens qui ne veulent pas perdre leur dignité et ceux qui sont prêts à la vendre  au plus offrant. Et si l’on y regarde de plus près, vous y verrez des gens comme il existe dans le monde entier, dans tous les pays et toutes les cultures, des êtres humains qui vivent comme ils peuvent avec ce qu’ils sont.

 

 

 

 

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