La trace

Pendant longtemps j’ai ressenti le besoin de laisser une trace de mon passage. Je suppose que je ne suis pas la seule à avoir envie d’exister hors du temps...
Je ne sais pas ...je ne suis pas dans la tête des autres.
Il m’a fallu du temps pour comprendre le caractère unique de la pensée humaine. Nous avons tendance à croire que les autres ressentent la vie comme nous, et que notre façon d’être et de vivre est la même pour tous. C’est pourquoi la notion de différence des cultures est ce qui met en scène des réactions souvent imprévisibles voire incompréhensibles.
C’est la raison des malentendus entre des gens de différents horizons.
Se mettre à la place de l’autre est une des choses les plus difficiles. Pas l’action en elle-même mais déjà simplement d’arriver à imaginer que l’autre et nous ce n’est pas pareil.
Puis quand j’ai enfin mieux compris et assimilé la chose, je me suis sentie tellement unique, que, forcément, je devais marquer mon passage et que chacun sache à quel point je suis unique.
Ça c’est le jeu de l’ego, au moment où l’on prend conscience du « je suis ».
La vie a rapidement mis fin à mes fantasmes « égotiques » et la voie de l’humilité s’est imposée.
Oui, chacun de nous est unique...il n’en n’est pas pour autant exceptionnel...
Alors j’ai compris que je laisserai derrière moi, non pas le souvenir d’un nom associé à une personne et un esprit...mais je laisserai une trace anonyme dans l’esprit d’un ou d’une autre, celle qui fait réfléchir, celle qui a peut-être amorcé le changement ou l’évolution en l’autre...et je ne serai pas récipiendaire de sa réussite, je serai juste le petit coup de pouce qui aura éventuellement provoqué dans l’autre le besoin d’être lui-même.
Il est douloureux parfois de voir et de savoir ce que nous avons changé, l’effet que nous avons produit sur l’autre, et de rester en retrait, de ne pas revendiquer cette petite victoire.
Pourtant c’est là une des qualités les plus belles...c’est ça l’humilité...
Je n’ai plus envie de laisser mon empreinte hors du temps, mon œuvre, je sais où elle est, et cela me suffit.
Nous, les êtres humains, avons tant à faire, tant à donner, tant à apporter aux autres et tant à recevoir et à améliorer en nous grâce aux autres...
Je fuis le bruit des directeurs de conscience, des élites, des sachants...
Toute vérité est en nous, et c’est dans ce que nous faisons pour le monde que nous existons, pas dans nos discours ni dans nos enseignements et encore moins dans ceux qui croient pouvoir « enseigner » aux autres.
Là est le fondement de ma pensée.
21/02/21

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