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La vie, le monde, l'autre

La vie, le monde et  les autres


Après avoir passé beaucoup de temps à tenter de comprendre ce qu’est la personne humaine, cette entité matérielle habitée, que l’on ne fait que ressentir , que l’on perçoit à travers nos sens, c'est-à-dire un corps dont les mouvements sont savamment orchestrés par notre centrale énergétique, notre cerveau, et que l’on reconnaît en passant devant un miroir, parce que cette image qui nous est renvoyée est celle de notre corps, de notre regard ;  après avoir tenté de faire le tour de moi-même, je m’intéresse à l’autre. Celui qui est en dehors de moi et que je côtoie, celui dont je reconnais les habitudes, les besoins car ils ressemblent aux miens, ou celui qui m’est réellement étranger car tout dans sa personne et dans son comportement m’intrigue et m’étonne ou même me dérange. Cet autre qui, comme moi fait partie de la société, du monde.

Sommes-nous seulement des corps habités en divagation  organisée, des esprits en mouvement,  qui recherchent le sens de l’existence ? Nous avons une entité physique d’une grande complexité, habitée d’une âme, d’un esprit , qui fait de nous des animaux pensants, des espèces de choses bizarres, capables d’édifier un monde, de créer des civilisation, capables de réaliser des œuvres d’une rare beauté, capables d’élaborer des systèmes  complexes, et surtout capables de se projeter dans le futur, avec beaucoup de bonnes intentions et autant de maladresses.


Ce qui nous différencie le plus d’autres types de sociétés communautaires présentes dans la nature, comme les meutes de loups, les fourmilières ou les ruches, qui élaborent un système social pour produire une richesse tangible, ou bien adopter un comportement  qui contribue à la protection et la propagation de l’espèce ,  c’est que nous sommes surtout capables de nous autodétruire,  de privilégier un petit nombre d’entre nous, dont la principale préoccupation est de garder la main mise sur le reste de l’humanité, à son seul profit, et souvent au nom du bien de l'Humanité.


Contrairement à ce que l'on tente de nous faire croire avec l'aide de la science, nous n’avons vraiment pas l’instinct de survie.


Doit-on vraiment croire en tout ce qu’on nous raconte de l’enfance à l’âge adulte ?  Car le but ultime n’est-il pas de faire de nous des êtres passionnés par l’irréel, le mystère, le secret, les croyances, et même la spiritualité, ou d’autres mirages, dans une forme dévoyée de la culture destinée à nous éloigner de la réalité du monde, et des catastrophes savamment organisées dans notre dos ?


La connaissance telle  qu’elle nous est distillée n’aurait-elle pas comme but ultime de piquer au vif notre curiosité,  de nous occuper la tête ou les mains, afin que nous ne pensions pas à regarder là où se joue notre survivance,  et à comprendre le marasme vers lequel nous nous dirigeons, confiants ?


Avons-nous toujours notre libre arbitre ? Pouvons nous encore vraiment décider de ce que nous aimons ou détestons, en dehors de ce que l’on nous impose médiatiquement, ou qu’on nous désigne à travers les manipulations douteuses de nos sens ?


Que cherchons-nous vraiment au fond : le bonheur, le plaisir, la reconnaissance, l’argent, la sécurité …


Et que nous donne-t-on à longueur de temps sinon une forme unilatérale de bonheur, des plaisirs facilement assouvis, une reconnaissance souvent virtuelle, et un sentiment d’avoir gagné l’argent, de le posséder  alors qu’on nous reprend tout de suite,  soi-disant pour notre bonheur futur.
Car au fond, personne ne nous fait de cadeau : si nous faisons attention, nous n'aurons à la fin qu’une petite partie de tout ce que nous aurons accumulé au cours de notre vie. Quelle que soit l’échelle de grandeur, ce sera pareil pour tout le monde : le déjà riche sera un peu plus riche qu’avant, et le moins riche, un peu plus riche lui aussi, toute proportion gardée, le pauvre devrait-être un peu moins pauvre, ainsi va le monde !
Le grand gagnant sera toujours celui qui est hors concours, au-dessus de la mêlée, et qui joue au loto avec l’existence des autres.

A partir du moment où l’on a compris cet ordre immuable des choses, on peut alors s’attarder sur ce qui est le plus intéressant.


C’est pourquoi j’essaie de décortiquer l’autre, car à travers la connaissance de l’autre, j’en apprendrai aussi plus sur moi. L’autre, ce drôle d’être que je croise dans la rue, ou en faisant mes courses au supermarché, je le regarde, je l’observe car je sais qu’il est différent de moi.
Il est différent physiquement, il ne s’habille pas comme moi, il a l’air préoccupé ou bien pressé, indifférent au monde qui l’entoure, ou au contraire, il prend son temps, il s’arrête fréquemment et  parfois me regarde.


Cet autre, c’est un univers, une planète, c’est à lui seul toute une histoire, celle de son ascendance, celle de sa famille, de son travail, de son pays, de son ethnie, de son époque.
Les africains et les indiens ont coutume de dire qu’un vieux qui s’éteint, c’est une bibliothèque qui brûle. Je suis d’accord avec ça, mais je l’étendrai à chaque individu composant une société, même un enfant, car qui peut vraiment dire qu’un enfant n’a pas plus d'authenticité, de réalité qu’un adulte que l’on a formaté, dont on a canalisé l’apprentissage afin de le rendre « utile » à la société, pour ne pas dire « productif ».


En fait l’autre me fascine.
A chaque fois que je croise une autre personne je ne peux m’empêcher de me demander comment est sa vie. Nous avons parfois tendance à penser que les autres nous ressemblent et nous avons tendance à projeter sur l’autre les éléments de notre vie, en fonction de son comportement et de son apparence. « L’habit de fait pas le moine », peut-être , maisje crois qu' il y contribue !
Tous les comportements sont des codes d’un langage social. C’est  vrai dans l’absolu, une personne pauvre ne porte pas des vêtements hors de prix, elle est souvent moins préoccupée par son apparence, quoique là encore, avec l’avènement d’une forme de populisme et surtout avec  la mondialisation et la démocratisation de la mode,  on peut parfois être induit en erreur. Le paraître est devenu un code inter générationnel, international  et surtout qui touche toutes les catégories sociales.  A travers mes voyages j’ai pu voir que le terme "mondialisation" n’est pas exagéré en ce qui concerne la façon de se vêtir.  Le port de T- shirt et du bermuda, sont largement pratiqués dans de nombreux endroits, et la mode féminine moderne est très ressemblante d’un pays à l’autre. Le marché des étoffes est détenu par la Chine et l'Inde,Les rares pays qui échappent à la règle sont les pays ou la religion est très présente et impose certaines pratiques vestimentaires. Car même dans les pays les plus pauvre il devient moins coûteux de porter l’uniforme international, jean+Tshirt, que le vêtement traditionnel patiemment tissé et cousu par les femmes ou les tailleurs de métier.
 Le paraître n’est plus un gage de vérité sur l’authenticité de l’être.
Donc l’autre est moins « décodable » qu’on le pense. Et il arrive qu’on l’apprenne à nos dépens.
Il m’est arrivé de vouloir aider ou conseiller un homme apparemment dans la misère, démuni en tout, qui trainait dans la rue, cherchant l’aumône et de découvrir un adulte plus ou moins jeune , construit intellectuellement, capable mais surtout désorienté, en mal de socialisation. Certains utilisent les codes d’autres qui sont plus dans le besoin matériel, pour simplement attirer l’attention sur eux, car leur misère est plutôt psychologique.
Ceux qui sont réellement dans la misère ont du mal à supporter qu’on s’en aperçoive, ils s’en cachent car ils culpabilisent de ne pas pouvoir s’assumer seuls.
Alors comment identifier l’autre, comment appréhender ce qu’il est ? Nous vivons en société il est donc primordial de s’entendre, de s’accorder. Nous ne sommes pas obligés de nous apprécier, il suffit que chacun ait suffisamment de bienveillance et de respect pour accepter l’autre et le laisser vivre selon ses principes, et sa culture.
S’entendre, s’accorder, cela ne veut pas dire  qu’il faut nécessairement créer des liens.
Cependant, parmi les individus il en est qui affectionnent particulièrement de se regrouper, de former des micro sociétés qui ont chacune un objectif commun. C’est la notion de groupe : des individus se regroupent par affinités, ou bien pour la pratique d’activités communes. Cela peut aller de la pratique d’un sport, d’une religion, jusqu’au partage intellectuel, ou l’adhésion à une cause politique, humanitaire, ou simplement humaniste.
Il en est aussi qui préfèrent être spectateurs et rester en dehors,  de par leur nature plus indépendante, et ceux là fuient toute forme de communauté qui leur impose des règles, qui leur dicte une conduite à tenir en solidarité avec un groupe.
L’être humain est un « animal social », dit-on,qui se distingue du reste des espèces grâce au langage  et à la conscience, il ne peut survivre en dehors de la société. Si cela est vrai pour les besoins basiques liés à la sécurité et la santé, il n’en est pas de même pour le développement de l’esprit.
L’esprit a besoin de l’apprentissage, pour se former à la réflexion, il a besoin d’être guidé, il a besoin d’être à l’écoute de la société. Il a besoin d’être confronté, contré afin de s’affiner. Puis il évolue grâce à l’expérience.
Ensuite il arrive un moment où il a besoin de maturation, de fermentation. Fort de son expérience du monde, il peut alors rester hors de la société, à la façon d’un "ermite mental", pas forcément physiquement isolé, de plein pied dans le monde. Choisissant de n’être plus sollicité que par la réalité du monde, il progresse alors plus librement.
L’apprentissage de la vie est permanent, il ne finit qu’avec la vie elle-même, mais l’esprit acquiert des niveaux de connaissance qui sont parfois difficiles à appréhender par  la grande majorité des gens. Tout en restant conscient du long chemin qui restera encore à parcourir au seuil de la mort, l’esprit ainsi forgé sait qu’il sera souvent confronté à l’incompréhension générale, et il ne peut que l’accepter en silence, et avec beaucoup de patience et de tolérance envers ceux qui ne peuvent  entrevoir ce que lui-même a déjà parcouru. Et cette connaissance le rend de plus en plus conscient de son infinie petitesse face à la grandeur infinie qui confine à la sagesse.
La qualité spirituelle ou intellectuelle  n’attend pas le nombre des années. On peut être jeune et avoir reçu à la naissance un patrimoine intellectuel et spirituel qui facilite et accélère le développement de l’esprit.
Il faut parfois à certains toute une vie pour accéder à la connaissance, d’autres ont la chance d’avoir pu progresser plus rapidement,  soit par des dispositions particulièrement favorables, soit  en subissant  des  épreuves qui accélèrent le processus.
La douleur intérieure est un moteur, même si cela coûte , il est certain que cela ouvre les chemins de l'âme grâce à la remise en cause permanente de sa propre existence, et du sens même de cette existence.
C’est là que la question de l’autre revient, lancinante.

 Quand on a saisi l'ampleur et la richesse de  l’âme humaine à travers l'expérience personnelle,  on ne voit plus les autres de la même manière. Cela confère un profond respect de chaque être vivant, quels que puissent être ses travers.
Est-il vraiment si important de savoir qui est cet autre ? Ne pourrait-on pas seulement l’accepter, comme il est,  sans rien lui demander, ni rien en attendre ? Simplement en se réjouissant qu’il existe, et en lui laissant la liberté de se laisser découvrir  ou pas ? Et surtout en lui accordant de vivre dans la sérénité ?




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