Le droit à l’indifférence consentie

Le droit à l'indifférence consentie

Je me pose la question de la nécessité de l'information et voici le résultat de cette réflexion.
Il est important pour chacun de connaître la réalité du monde dans lequel il vit donc l'information est importante et nécessaire.  Car un être qui agit en conscience doit pouvoir prendre les meilleures décisions pour le monde qui l'entoure et lui même.
Par ailleurs tout le monde sait cela et, entre des mains qui manquent d'intégrité et d'authenticité, l'information est depuis longtemps un moyen, une arme pour modifier la vision du monde, et obtenir des peuples les renoncements ou les sentiments dont les initiateurs ont besoin. C'est un moyen de dévoyer les consciences.
Lorsque l'information était plus longue à gagner les gens, la raison permettait à ceux qui le voulaient de rechercher la vérité, ou de poser du temps, du calme et de la réflexion.
Aujourd'hui cette façon de faire existe toujours, c'est le travail de fond de certains journalistes, de moins en moins nombreux, qui écrivent encore des articles suffisamment longs, fouillés et bien argumentés.  Mais voilà, aujourd'hui on nous a désappris la réflexion, l'analyse, le bon sens. Tout doit être prédigéré. 
Quelqu'un de proche m'a dit : " je ne lis pas tes textes, c'est trop long, fais des vidéos, c'est mieux". 
 Oui nous en sommes là...et non je ne veux pas faire des vidéos sinon je ferais du "Thinkerview". Ce que certains trouvent aussi très ennuyeux car ce sont des interviews d'une heure au minimum sur des sujets qui poussent à la réflexion.
 Ce n'est pas la faute de tout le monde si l'information est trop rapide, trop instantanée, livrée en pâture sans analyse judicieuse. C'est ainsi parce que d'autres gens ont compris que c'est leur intérêt.  
La vie tend naturellement vers la facilité. Il est plus simple de dire "oui" que "non" car on ne vous demande jamais de justifier une acceptation mais on vous demandera toujours de motiver un refus.
Ce n'est pas l'effet "mouton" comme beaucoup semblent le dire...c'est seulement que c'est dans notre Nature que d'accepter. Nous acceptons tout à partir du moment où nous avons renoncé à la réflexion. Et c'est pour cette raison que nous avons l'information rapide, émotionnelle, souvent impérative et péremptoire. C'est un simple rapport de force. Celui qui frappe le premier impressionne, celui qui impressionne a gagné, puisqu'il a eu le premier l'attention de "monsieur ou madame Tout le monde"...et souvent l'attention devient l'adhésion. Puis quand ceux qui en ont le temps ou la capacité se mettent à revenir sur l'information, l'analysent et en recherchent le bien fondé, la contestation se met en place, et à son tour draine de l'attention et de l'adhésion. Et ainsi de suite, et voilà de quoi est faite l'information.
Les faits ne parlent jamais d'eux mêmes... c'est l'interprétation qu'on veut en faire qui détermine ce que vous en comprendrez. C'est l'intention qui est mise sur ce que vous devez comprendre qui donne du sens à votre adhésion.
C'est mon premier constat : vous n'aurez jamais aucune certitude sur la véracité de ce qu'on vous présente, car dans les faits c'est uniquement en la personne qui vous les présente que vous avez confiance ...ou pas. Ce qui est important n'est pas ce qui est dit, mais qui le dit.
 Nous en arrivons à ce qui est crucial à mes yeux. L'information est crédible si l'individu qui la propage est crédible. En tout cas c'est ce qui prédomine à notre époque.
C'est cela qui donne le ton : " notre époque ".
Et notre temps est fait d'image, de fréquence, de manipulation des esprits par l'image. Plus vous voyez quelqu'un dans votre entourage, plus vous êtes habitué à sa présence, plus cela lui donne une légitimité dans votre vie, même si vous ne le connaissez pas : la caissière du magasin, les gens que vous croisez dans l'ascenseur tous les jours, ou dans la rue, l'agent de sécurité, une personne qui fait ses courses au même endroit et aux mêmes heures que vous...dès que nous avons une répétition dans nos conditions de vie, cela devient partie intégrante de notre vie et nous saurons toujours reconnaître ces gens car ils ont acquis un "statut" dans notre quotidien, on leur sourit, on leur dit bonjour...etc. Alors que dire de ces gens si loin de nous, de nos conditions de vie, qui entrent tous les jours chez nous par le biais de la télévision ? Les présentateurs, les journalistes, les vedettes, la fille ou le gars de la météo...Non seulement ils entrent chez vous, mais ils s'adressent à vous comme s'ils vous connaissaient, comme s'ils faisaient partie intégrante de votre intimité ...ils connaissent vos vies, enfin c'est ce qu'ils vous font croire en utilisant des moyens très connus en matière de communication. Alors quand ces gens donnent leur opinion sur un sujet ils deviennent crédibles, sans jamais avoir justifié quoique ce soit.
Et voilà ...la supercherie est en place. Ils vous feront avaler n'importe quoi.."vu à la télé" est même devenu un argument de vente...Et tout est organisé pour donner l'impression se vous faire réfléchir, de vous rendre plus intelligent donc mieux informé. Comment ? On vous propose des émissions politiques, ils choisissent des gens qui jouent le rôle de contradicteurs, tout est piloté, orchestré pour vous amener à penser ce qu'il convient de penser. Ne vous y trompez pas, Ils maîtrisent parfaitement l'art de la communication et donc vous êtes des jouets dans leurs mains. 

Mon deuxième constat est que quand la crédibilité d'une personne n'est garantie que par son "image"...il n'y a pas de crédibilité.

A vous de conclure sur la nécessité "d'être informé".
Quand le pavé est dans la mare, il y a toujours moyen de trouver une parade...
Internet...c'est souvent pire et parfois mieux mais...vous avez le choix. Et cela change tout. Vous avez la possibilité de chercher vous mêmes les informations, d'écouter ou de lire des gens  véritablement crédibles...des philosophes, des économistes, des journalistes de terrain, ou de parfaits inconnus qui ont du bon sens et vous en donnent les preuves.
Le seul grand écueil est de devenir dépendant d'une seule source d'information et de se focaliser sur quelques personnalités qui ont compris ce qu'elles peuvent gagner en influence et popularité par ce média. Internet n'a d'intérêt que s'il devient une source d'information pluraliste. Sinon, retournez à votre télé, car ce sera pareil.
Internet est un outil, et pour comme tout outil, c'est l'ouvrier qui le manipule et qui apprend à s'en servir qui le maîtrise. Il faut donc être un bon ouvrier. Et donc connaître les qualités et les défauts de votre outil.
Internet est une porte. Quoique nous décidions de faire, nous devons toujours garder à l'esprit que quand nous sommes devant une porte, dès que nous ouvrons cette porte, nous autorisons des gens à rentrer et nous laissons sortir quelque chose de nous, nous devenons vulnérable.
Le plus grand souci avec Internet c'est notre tendance naturelle à accepter les choses, et à accorder notre confiance. Alors je vous le dis, vous devez rentrer dans Internet comme un guerrier, prêt à se battre. Vous devrez apprendre à entrouvrir la porte, coder mentalement les accès, mettre une chaîne de sécurité à votre esprit, jusqu'à ce que vous ayez appris à gérer tout ce que vous recevez.
Une fois que vous aurez compris les dangers, vous serez armé et pourrez y faire votre marché à l'info en toute sérénité. Car l'information, la vraie, est libératrice. La connaissance rend invulnérable car elle gaine votre esprit.
Internet a une très grande qualité à mes yeux, cela réapprend à réfléchir, cela responsabilise, cela restitue à l'homme sa citoyenneté humaine, sa souveraineté individuelle. L'Internet a aussi des effets pervers, mais il suffit de garder à l'esprit que vous recevez toujours en rapport avec ce que vous envoyez, et vous rencontrez qui vous êtes...Quand  nous sommes intègres et que  nous œuvrons pour le bien .., nous rencontrons en majorité des gens comme nous...et surtout nous savons repérer les malfaisants, et éviter les écueils. Nous aurons toujours le choix de lire ou pas, d'accepter ou de refuser, de répondre ou de nous taire, de donner un avis qui peut ouvrir d'autres yeux, ou pas
Nous aurons le droit à l'indifférence consentie.
23 décembre 2016