Le chemin de vie
- Par Patricia Strzempek
- Le 09/03/2009
Quand l'inspiration est là, il faut tout prendre, et tout de suite, sans attendre
Ma vie désormais sera comme un navire que j'essaie de diriger sur l'impétuosité des flots de la vie. La seule chose dont je sois maintenant sûre c'est que je ne partirai plus que pour des voyages à court terme, le grand périple au long cours est terminé. Il a donné ce qu'il a pu et fait ce que je suis. Les compagnons de voyage ont été ce que j'en ai fait. J'ai vécu les conséquences de mes actes et j'ai grandi de mes erreurs. Il me reste peu de certitudes, une seule pourtant me taraude : aime-les comme tu voudrais qu'ils t'aiment : profondément, tels qu'ils sont et sans rien attendre en retour.
J'ai encore des vestiges de colère, contre tout ce qui fait que le monde va vraiment de travers, car nous en sommes responsables : notre bêtise, notre suffisance, notre intelligence meurtrière. Non cela n'est pas contradictoire, les avertis comprendront.
Je pars et j'espère tout au fond de moi ne jamais revenir, j'espère secrètement trouver la paix et le recueillement. Je n'ai plus envie de sortir de moi, mais j'aimerais tant que les autres y entrent, dans ce palais somptueux que j'ai construit. Dans ce monde où tout est juste, bon et doux.
Dans cet univers paisible, où la parole est souvent inutile car l'essentiel est dans l'écoute du monde.
Dans ce monde hors la matière mais où les esprits se caressent.
Dans ce monde où le mot générosité est un gros mot, car c'est un état naturel permanent et évident. Je pars pour un voyage extérieur vécu de l'intérieur et j'espère que les contraintes humaines me permettront de rester souvent hors du temps.
Car c'est en étant détaché du monde et sans lien qui le retienne par l'affectif, que l'esprit donne le meilleur de lui-même.
Et l'amour et les autres, me direz vous ...et je répondrai : « que chacun suive son chemin » il y aura à un moment ou un autre un pont, le point de jonction où le contact se fera.
J'aime la vie, j'aime mes enfants, j'aime ma famille, j'aime mes amis. Dans mon état actuel mental et moral, je dois aller plus loin et continuer ma route.
Pourquoi quelqu'un part un jour en laissant tout derrière lui ? Maintenant je le sais, parce que c'est une nécessité pour l'accomplissement de l'être.
Nous sommes seuls, de la naissance à la mort, et même après. Plus tôt nous le comprenons et moins nous souffrons dans cette existence humaine et matérielle. Parfois sur notre chemin nous devons nous unir à d'autres pour réaliser une chose impossible à faire seul. Il faut le faire car sans ce partage temporaire, nous ne pourrons pas prendre conscience de notre liberté naturelle.
C'est grâce à la confrontation à la difficulté d'être ensemble que nous réalisons notre unité personnelle.
Plus je suis seule et plus je suis en phase avec le monde, et plus j'aime ce monde et tout ce qui le compose. Car pour mieux observer les choses il est préférable de s'en éloigner. Aimer ne veut pas dire être en accord avec ce monde, car pour aimer aucune condition n'est nécessaire, c'est un élan complètement spontané.
Je n'écoute plus les paroles futiles, je n'entends plus les fracas médiatiques. Oui , c'est la crise, et alors ? Nous avons la solution, chacun de nous la porte en lui. Mais personne ne veut écouter ce que la Vie nous crie. Nous sommes à un moment de passage, nous vivons la transition vers autre chose et c'est difficile. Mais beaucoup ont oublié les vertus de l'effort, et de la difficulté.
Il n'y a qu'une vérité : la réalité du monde est ce que chacun de nous en fait et nous sommes 6 milliards d'individus qui sont divisés, s'ignorent ou se déchirent, s'abusent et écoutent une poignée de gens à qui chaque communauté a donné le pouvoir de tous nous leurrer.
Peut-être qu'un jour un Humain parmi les humains décidera qu'il est temps que cela cesse.
Non, ce n'est pas le discours irréfléchi d'une illuminée. Je connais les tenants et les aboutissants historiques, politiques, économiques, sociaux. Rien n'est simple, rien n'est facile.
Que faites-vous quand vous trouvez un fruit abîmé dans le frigo ? Vous le transformez dans un délicieux plat cuisiné ou bien vous le jetez. Le monde c'est pareil, soit on le change en mieux ou bien il disparaîtra. Et chacun de nous a sa part de travail à réaliser pour que nous y parvenions tous.
Je suis un temple dans la tourmente, que l'on ne peut plus atteindre parce que j'ai compris où est ma place. Dans une vie qui chemine vers le détachement de tout, mais en contact avec la réalité du Monde.